A force d’entendre parler de Chaturbate et de lire les blogs de camgirls (comme Charlie Liveshow, par exemple), l’idée d’essayer l’exhib sur Chaturbate me trottait dans la tête… Enfin, par “essayer”, j’entends, de m’y montrer. Car en tant que spectatrice, j’aimais déjà bien y jeter un petit coup d’œil (voire plusieurs) de temps à autre… Toutefois, un “détail” me bloquait : je n’avais aucune envie de courir le risque que l’on m’y reconnaisse.
En effet, sur un site de rencontres libertines, comme Wyylde, par exemple, les cams ne sont montrées qu’aux inscrits. Donc, si votre voisin identifie votre minois et ose vous faire le moindre reproche, vous pouvez toujours lui mettre sous le nez le fait qu’il a un compte sur le même site, ce qui prouve qu’il est au moins aussi dévergondé que vous. Tandis que celles de Chaturbate sont diffusées publiquement… Et par conséquent, un paquet de monde y a accès…
Récemment, dans le but de tourner une vidéo, j’ai fait l’acquisition d’un masque… Non, je ne parle pas d’une crème à m’étaler sur le visage accompagnée de deux rondelles de concombre sur les yeux, mais d’un joli masque en cuir de fabrication artisanale, trouvé sur Etsy (dans la boutique d’Eternaldesigns)…. Cet accessoire me permettant de m’exhiber incognito sans avoir à constamment vérifier que mon visage reste hors-champ, j’ai décidé de franchir le pas.
J’ai donc créé un compte sur Chaturbate.
Au passage : j’ai vaguement tenté la technique de faire gaffe à ce que la caméra ne pointe pas sur mon visage. Bilan : avec la webcam de mon PC portable, c’est beaucoup trop relou pour que je tienne plus de deux minutes… Je ne parviens pas à voir ce qui est écrit à l’écran sans que mon visage soit à portée de cam, ce qui m’oblige à mettre le doigt sur l’objectif pour lire les messages que l’on m’envoie et y répondre.
Avant d’allumer la cam
Tout d’abord, quelques remarques sur les précautions à prendre avant de se lancer :
La localisation
Par défaut, après sa création, votre profil Chaturbate affiche, publiquement, la région dans laquelle vous vous situez, sans vous l’avoir demandée au préalable. Mieux vaut effacer cette info, et la remplacer par quelque chose de plus vague, comme le pays.
Gaffe aux enregistrements
Si vous fouillez dans les paramètres de votre compte, dans l’onglet “Arrangements et confidentialité”, vous allez voir une option, cochée par défaut : “Allow Private Show Recordings”. En commentaire : “Après un show privé, les inscrits peuvent recevoir un enregistrement non-téléchargeable dans leur collection privée” (bon, vous l’auriez deviné sans mon aide, le “non téléchargeable”, avec le logiciel de capture adapté, c’est un peu une grosse blague)…
Décochez ça tout de suite ! Si la perspective d’un inconnu possédant une vidéo de vous enregistrée en live (donc, sur laquelle vous n’aurez aucun contrôle post-show) ne suffit pas à vous refroidir, voilà qui va faire l’affaire : certains sites peu scrupuleux n’hésitent pas à revendre en VOD les vidéos ainsi récupérées, à l’insu de la camgirl (ou du camboy) concerné(e), qui, en plus de n’avoir jamais donné son autorisation, ne touche pas un centime dessus !
Exhib sur Chaturbate : première diffusion
Mon compte ainsi paramétré, je me revêts de ma plus belle tenue d’Eve et de mon masque d’elfe des bois, et je lance la diffusion… J’aurais peut-être dû commencer plus habillée, histoire de mettre un peu de suspense, mais il fait drôlement chaud : je zapperai donc la partie strip-tease.
Du monde arrive…
Peu à peu, du monde débarque sur ma cam… On me parle… Ça défile trop vite, je tente de répondre à tout le monde, mais je ne parviens pas à suivre la cadence (j’ai ensuite compris qu’il était plus simple de répondre à haute voix, plutôt que de tenter de taper des phrases…).
Une très large majorité de mecs, donc beaucoup se comportent à peu près comme sur les cams de sites de rencontres : beaucoup de “bonjour” et autres salutations, pas mal de gentils compliments, et quelques propositions un brin reloues. Mais il y a aussi quelques mecs sympas et plein de bonne volonté qui, voyant que mon compte est tout neuf, me proposent de l’aide pour comprendre les ficelles du site.
Entre autres conseils, on me fait remarquer que j’ai oublié de valider mon compte, et que par conséquent, je ne peux pas recevoir de tokens (la “monnaie” du site, que l’on peut acheter, donner à une personne qui fait un show, ou échanger contre de l’argent réel, avec une commission prélevée par Chaturbate).
Peu importe : gagner de l’argent en tant que camgirl nécessite énormément de boulot et de talent, et ce n’est pas en montrant mon popotin quelques instants, en dilettante sur ma webcam un peu floue, que je risquerais de faire fortune. Je préfère donc m’amuser sans me prendre la tête à tenter de gratter trois sous, je me préoccuperai de la validation plus tard.
Premier passage à l’action
J’ai quelques sextoys sous la main, dont le Patchy Paul G5, avec lequel je décide de passer à l’action. Bien qu’il ressemble à une gentille chenille, ce toy est sacrément puissant… Après quelques orgasmes, je fais un malencontreux clic de travers qui duplique la fenêtre de cam, et la diffusion est coupée quelques secondes.
Jouir, ça creuse : cette pause involontaire ayant détourné mon attention, je me rends compte que je commence à avoir faim… Je me reconnecte vite fait pour dire au revoir aux spectateurs qui m’ont virtuellement accompagnée dans mon jeu. Puis je coupe la cam, m’apprêtant à dévaliser le frigo.
Un spectateur-suprise
A ce moment là, je vois débarquer Lui, à qui j’avais demandé de ne pas entrer dans la pièce pendant mon expérience exhibitionniste, afin de me sentir plus à l’aise (faire un show devant des inconnus, c’est une chose, le faire devant quelqu’un qu’on connaît, c’en est une autre…). Quelle synchronisation ! Coïncidence ? Pas vraiment : il venait juste de regarder, en live, l’intégralité du show, et était déçu de l’arrêt du spectacle.
Reconnexion
Un peu plus tard dans la soirée, je décide de remettre le couvert.
Je m’assure, au préalable, d’avoir suffisamment de munitions pour animer mon show, et surtout, pour me faire plaisir. Le Patchy Paul est toujours dans les parages, mais il lui faut des compagnons. Par chance, j’en ai quelques-uns (ou peut-être un peu plus…)…
J’étale ma sélection sur le canapé : Orchidée d’Idée du Désir, Ina Wave de Lelo, Womanizer, Europe Magic Wand, Stronic Drei…
Et interruption
Malheureusement, à peine ai-je eu le temps de dire bonjour à tout le monde, en remarquant avec joie que plusieurs de mes nouveaux potes de la session précédente sont revenus me voir, et de montrer fièrement mes jouets, lorsque Chaturbate me fait soudain le coup du coitus interruptus…
Bim, compte bloqué ! Qu’ai-je fait de mal ? Rien de bien dramatique : pour débloquer mon compte et continuer à me montrer, je dois prouver que je suis âgée de plus de 18 ans, et pour cela, il faut que je valide mon profil… Bon, c’est flatteur, je sais que j’ai le teint frais (mytho !) et les fesses roses, mais tout de même, je suis majeure depuis presque une décennie… Donc je suppose que c’est l’oeuvre d’un bot.
La validation du compte Chaturbate
Bref : validons donc ce compte, puis qu’il le faut.
Pour ce faire, il faut prouver que l’on est bien majeur(e). Et pour cela, on doit montrer une pièce d’identité, ainsi qu’une photo de son visage à côté du même document. Bon, j’espère que les serveurs de Chaturbate sont bien sécurisés… Parce que si un jour il leur arrivait un plan foireux à la Ashley Madison, les pervers creepy du net auraient là un bel annuaire à se mettre sous la dent…
Mais ce n’est pas tout. Il faut aussi signer une charte, le “performer agreement”, qui semble considérer la personne située derrière la cam (qu’elle accepte ou qu’elle refuse les tokens) comme plus ou moins pro. Ça parle de “services”, fournis par celle (ou celui) qui s’exhibe.
Au cas où vous auriez soudain un affreux doute… Oui, je fais bel et bien partie de ces cinglés qui lisent systématiquement les CGU… Eh, attendez ! Ne partez pas en courant ! Revenez !
Des CGU un brin inquiétantes
Un élément de ladite charte (screenshot ci-dessous) m’interpelle. On peut y lire :
“J’autorise l’utilisation de mon nom, et de tous mes noms de scène et alias, [bla,bla, bla…] pour et en rapport avec la fourniture des services sur des sites web possédés et/ou gérés par le site et/ou des tierces parties, et pour tout type de publicité [bla, bla…]”
Wait… Quelques lignes plus haut, là où je viens d’inscrire mon nom, on m’a pourtant assuré que celui-ci resterait strictement confidentiel… C’est quoi, ce bordel ?
Pourtant, les lignes suivantes interdisent, justement, de révéler son vrai nom ou ses coordonnées sur le site…
Face à ces contradictions, on peut présumer que le “nom” dont il est question précédemment ne désigne que le pseudo sous lequel vous vous faites connaître à vos spectateurs… De plus, le site se tirerait une balle dans le pied s’il s’amusait à révéler l’identité de ses inscrits… Mais, quand même, ça refroidit un peu.
Malgré tout, j’accepte la charte, et mon compte sera validé moins d’une heure plus tard… Mais je suis partie roupiller entre temps : la suite sera donc pour un autre jour.
Suite (mais pas fin)
Quelques jours plus tard, je me reconnecte à Chaturbate. L’heure n’étant guère appropriée, il n’y a pas grand-monde sur ma cam… Mais je reconnais tout de même quelques pseudos rencontrés lors de ma précédente expérience.
Je décide donc d’offrir à mes spectateurs le show que j’avais alors annoncé sans avoir pu mettre mon plan à exécution. J’alterne les vibros, et enchaîne les orgasmes, sous l’œil de la caméra… Sachant que, dans la pièce voisine, Lui assistait aussi à la scène par écran interposé.
Je me suis bien amusée, et je pense que recommencerai à l’occasion… Mais ceci est une autre histoire…
La suite des photos, un peu plus osée, sur le forum Exhib ou dans notre galerie…
