Continuons notre tour du monde virtuel des musées du sexe et de l’érotisme. Après le musée de l’Érotisme de Paris, passons maintenant à l’un de ses analogues allemands : le Beate Uhse Erotik-Museum.
Situé à Berlin, le Le Beate Uhse Erotik-Museum affirmait fièrement être le plus grand musée de l’érotisme du monde. L’immense bâtiment qui l’hébergeait en témoignait.
Histoire du musée et de sa fondatrice
Passionnée par l’aviation, dans les années 1930, Beate Uhse devient la seule femme allemande à exercer le métier de pilote cascadeur pour le cinéma. Mais pendant la Seconde Guerre Mondiale, plus de cascades. Beate Uhse accepte alors de s’enrôler dans la Luftwaffe en tant que pilote de ligne pour pouvoir continuer à voler.
Après la guerre, veuve et interdite de vol en tant qu’ancien membre de l’aviation militaire allemande, elle doit donc changer de carrière. Elle vit à Flensburg, en Allemagne de l’Ouest, avec son fils, et se tourne vers le marché noir pour gagner sa vie. Elle fait du porte à porte, vend des marchandises aux ménagères, et, au fil des confidences, découvre leurs préoccupations.
Une brochure sur la contraception
Les maris, rentrés de la guerre et contents de retrouver leurs épouses, n’ont qu’une hâte : réviser leur kamasutra. Sauf que, sans moyen de contraception, qui dit sexe, dit grossesses. Et dans une Allemagne coupée en deux, dévastée par les bombardements et donc sujette à une pénurie de logements, la perspective de concevoir un enfant ne fait pas rêver. Faute d’autres méthodes, beaucoup de femmes se débrouillent donc pour avorter, dans la clandestinité et souvent au péril de leur vie.
Beate Uhse, qui a reçu une éducation très moderne, s’y connaît en contraception. Elle se renseigne donc sur la méthode d’Ogino-Klaus, qui consiste à compter les jours du cycle menstruel et à s’abstenir aux alentours de la période d’ovulation (méthode peu fiable, certes, mais à l’époque, c’était déjà mieux que rien), et rédige un brochure à ce sujet.
Intitulée “Schrift X”, sa brochure, qu’elle vend par correspondance, a un franc succès. Et très vite, elle commercialise également des préservatifs et des livres de “conseils conjugaux”.
Le premier sex-shop moderne
En 1962, elle finit par ouvrir une boutique, très controversée, consacrée à l’hygiène du couple, considérée comme le premier sex-shop moderne.
Bien que Beate Ushe soit décédée en 2001, son entreprise existe toujours, sous les noms de marques Beate Ushe, Pabo et Adam et Eve.
Le musée de l’érotisme
En 1996, elle fonde le Beate Uhse Erotik-Museum, un musée qui expose plus de 5000 objets d’art érotique, dans une superficie de 2000 mètres carrés, répartie sur trois étages. Sous le musée se trouve un sex-shop.
Le Beate Uhse Erotik-Museum a malheureusement fermé ses portes en 2014. En effet, le propriétaire du terrain qui l’hébergeait, l’investisseur américain Hines, a exprimé le souhait de démolir le bâtiment, trop olé olé à son goût. Le musée prévoyait initialement de trouver de nouveaux locaux, mais le projet a finalement été abandonné.
Visite virtuelle du Beate Uhse Erotik-Museum
Faute de pouvoir encore le voir en vrai, il est toujours possible de se faire une idée de l’immense collection du Beate Uhse Erotik-Museum, grâce aux photographies prises par ses visiteurs.
Voici donc une petite galerie :
Source : galerie Flickr d’Arcadiuše, Creative Commons.
L’autre musée de l’érotisme allemand : fermé lui aussi
En Allemagne comme en France, les musées du sexe européens semblent subir une véritable hécatombe. L’Erotic Art Museum, à Hambourg, a fermé en 2007.