La boutique Lovely Vibes nous a envoyé un DVD intitulé “Endless Shades of Great Sex : a Bondage Guide for Lovers”.
En lisant ce titre, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait de leçons de bondage en vidéo. Mon a priori s’est avéré faux, puisqu’il s’agit en réalité d’une fiction érotique (très) inspirée de Fifty Shades of Grey, réalisée à des fins “instructives”. Cette fiction tente de donner aux débutants un aperçu de ce qu’est le BDSM soft, et des idées de pratiques à essayer.
C’est notre premier “test” (euh… notre première “critique” ?) de film avec des gens tout nus. N’hésitez donc pas à nous donner votre avis sur le sujet.
La pochette
On ne va pas s’attarder mille ans sur la pochette : c’est le film qui nous intéresse.
Mais remarquons quand même qu’elle évoque clairement les trois tomes de Fifty Shades of Grey. Elle rassemble :
- La cravate de la couverture de Fifty Shades of Grey,
- Le masque de celle de Fifty Shades Darker,
- Les menottes de celle de Fifty Shades Freed… avec une clé un peu moins chiadée.
Au dos, en anglais, on nous explique pourquoi le BDSM et le bondage, c’est chouette, et on nous annonce qu’on va apprendre à dominer ou à être dominé(e), découvrir les fouets, les menottes et tous les accessoire destinées aux couples, et réaliser tous nos fantasmes en s’inspirant de nos bouquins préférés. Enfin, par nos “bouquins préférés”, la pochette parle bien entendu de la série des Fifty Shades of Grey… que je n’ai pas lue, tandis que Lui a quand même pris la peine d’en lire les premiers chapitres en eBook. Il n’a, soit dit en passant, pas aimé et abandonné la lecture.
Les conseils
La vidéo est réalisée par l’Alexander Institute, une société spécialisée dans les “films érotiques à vocation informative”, qui se vante d’être dotée d’une équipe d’experts en sexualité, dont certains vont jusqu’à posséder un doctorat (en quoi exactement ?..).
Mouais… Je ne peux m’empêcher d’être perplexe face à l’argument “Coucou, tu veux voir mon sexologue ?”. Mais pour ceux que ça intéresse, il y a des noms relativement connus dans le répertoire de cet institut, tels que Betty Dodson, qui a même sa propre page Wikipédia. Sur ce DVD, ce sera les conseils de Patti Britton, dont je n’avais jamais jamais entendu parler auparavant, mais qui a, semble-t-il, un CV bien rempli en matière de sexologie.
Les conseils en question sont uniquement au format texte (avec une version en français), en deux parties :
- Une section lexique, avec les mêmes définitions que sur cette page. “Vagin” ? Que peut bien vouloir dire ce mot ? Super, grâce à ce DVD, j’aurai enfin la réponse !
- Une section questions/réponses, avec des interrogations vraiment hardcore du genre : “Mon petit ami a des goûts sexuels très spéciaux. Parfois, je le laisse introduire son pénis dans mon anus parce que ça l’excite. J’ai peur que ça fasse plus mal s’il essaie d’introduire son pénis. N’est-il pas dangereux d’introduire le pénis dans l’anus ?”. Les réponses, plutôt évidentes, comportent souvent des références à des bouquins – à acheter, bien entendu, sur le site dudit Alexander Institute.
Lexique de sexualité utile si vous vivez dans La Petite Maison dans la prairie
Bref, les conseils ne servent pas à grand-chose : ils s’adressent à des personnes qui n’auraient ni expérience ni éducation sexuelle, ni connexion internet, ni amis, ni dictionnaire, ni… Bref. Mais d’un autre côté, c’est simplement le bonus. On va donc pas en faire tout un plat et passer à ce qui compte vraiment : le film.
Bon, trêve de blabla ! Le film ! Le film ! Le film !
Introduction
Le film est en anglais, sous-titré – au choix – en anglais, en français, en espagnol ou en allemand. Son titre français est “Nuances infinies de sexe grisant” . Éviter de traduire aurait peut-être été une meilleure idée, mais passons…). Le film dure 55 minutes et comporte vingt chapitres, en comptant son introduction.
En intro, une voix féminine nous explique que le bondage, c’est cool, et que tous les accessoires érotiques que l’on peut voir dans le film sont issus de la gamme Sex and Mischief (comme un des harnais que nous avons testés récemment), une gamme de sextoys peu coûteux et faciles à trouver. Ensuite (ouf !), on nous fiche la paix avec les conseils. Place aux scènes érotiques.
Les personnages de “Endless Shades of Great Sex”
Au début de chaque scène, Anastasia prend la parole en voix off et nous résume le contexte. Anastasia est jeune et mignonne, tout en étant suffisamment crédible pour une jolie Madame Tout-le-monde (pas de giga-boobs ni d’autres artifices qui pourraient mettre mal à l’aise les amateurs de naturel). Le film ne précise pas son prénom, mais il est suffisamment inspiré de Fifty Shades of Grey pour que je me permette de l’appeler Anastasia. Et bien entendu, je nommerai son mec Christian.
D’ailleurs, Christian, je ne sais pas si c’est moi qui délire ou si c’est effectivement le cas, mais je lui trouve un léger air d’Al Bundy, le héros de“Marié, deux enfants”. En plus jeune, mais c’est tout de même troublant. Dans un chapitre, la voix off d’Anastasia nous vante les mérites de son dos musclé, alors que, soyons honnêtes, l’acteur ne semble pas adepte du body building, et a même un petit peu de bidou – dont on se fiche totalement, concrètement, mais c’est un peu bébête d’insister sur les vertus d’une musculature alors qu’elle est imaginaire. Enfin bref : ce n’est pas le mec le plus canon du monde, mais ce n’est pas un monstre non plus.
L’action
Il s’agit d’un film érotique. Aucune scène pornographique, et les acteurs conservent la plupart du temps leurs sous-vêtements. Au moins le bas : tout au long de la vidéo, on ne verra aucun pénis ni aucune foufoune à l’écran. Ah si : on entr’aperçoit la pointe du zizi de Christian à la 42ème minute. Juste le bout, mais c’est tout.
La scène la plus hardcore. Vous voyez le petit bout rose qui dépasse ? Oh mon dieu, ils ont osé montrer un pénis !
Chaque scène débute par un titre de chapitre sur fond Fifty-Shades-of-Grey-like, et on entend la voix d’Anastasia qui nous fait part de ses pensées, de ses fantasmes du moment et de ce qui s’est passé hors-caméra depuis la dernière scène. Le ton du récit est très Fifty-Shades-of-Greyesque, avec des métaphores du genre “Tu fais ressortir la tigresse en moi” (dans le bouquin, c’est la déesse qui sort, c’est bien ça ?). No comment.
Le titre d’un chapitre
Ensuite, nos deux héros se retrouvent ensemble dans un appartement. Ils s’adonnent à des pratiques BDSM très soft, avec bonne humeur et tendresse : ils sourient et se font des bisous. Contrairement à dans Fifty Shades, les deux personnages prennent le contrôle à tour de rôle. Anastasia est tantôt soumise, tantôt domina.
L’intrigue du film n’est pas passionnante : en gros, ils font l’amour et ils sont contents. Avec quelques références à Fifty Shades of Grey casées par-ci par-là : un contrat signé, une cravate grise… Ce qu’on voit à l’écran est un peu trop soft et/ou dépourvu de contexte pour être réellement excitant. Il aurait peut-être fallu nous attacher au préalable aux personnages pour nous donner envie de les voir s’attacher entre eux. Là, on a un peu trop l’impression d’avoir affaire à un tutoriel sur le thème “mais que peut-on bien faire d’amusant pour s’initier au BDSM ?”.
Pour ce qui est des accessoires érotiques dont ils font usage, je comprends l’intérêt d’utiliser des objets bon marché pour que les scènes du film soient faciles à rejouer chez soi. D’autant plus que le film cible des gens qui ne connaissent pas bien le BDSM, et qui ne savent donc a priori pas encore s’ils auront envie d’utiliser régulièrement ces accessoires – donc autant éviter d’investir tout de suite dans des accessoires de luxe. Mais tout de même… certains des accessoires BDSM que l’on peut voir dans le film sont vraiment ridicules… et cela nuit au plaisir visuel que l’on a (ou plutôt pourrait avoir) à regarder la scène.
Notamment, la tige à deux extrémités plumeau / fouet en poils de rideaux :
Rideau-plumeau-froufrou. Très BDSM.
Et les menottes molles :
Mais… C’est quoi, cet espèce de scoubidou avec lequel Christian attache les poignets d’Anastasia ?
D’autres objets utilisés dans le film sont mieux choisis et donnent effectivement des idées d’accessoires BDSM chouettes à petit budget.
On y retrouve le harnais Sex and Mischief que nous avions testé:
Salut, le harnais ! Je savais pas que t’étais acteur !
Et tout un tas d’autres accessoires : des rubans en soie, du scotch de bondage, divers types de menottes, des laisses et des colliers, des fouets, une cravache, un paddle, des bâillons… Chaque accessoire n’est pas utilisé très longtemps, mais on voit clairement de quelle manière il s’utilise.
Conclusion sur le DVD “Endless Shades of Great Sex”
Les bons points :
- Les personnages semblent contents, et se traitent mutuellement avec respect et affection. Ils alternent les rôles du dominant et du dominé et montrent ainsi que les configurations ne sont pas figées dans le temps, car ce n’est qu’un jeu. Le film évite soigneusement les clichés sur le BDSM, et présente un aspect ludique et sain.
- Si ce que l’on cherche, c’est un film qui ressemble à Fifty Shades of Grey, Endless Shades of Great Sex est effectivement directement inspiré (la licence en moins) du bouquin.
Les mauvais points :
En fait, j’ai, dans l’ensemble trouvé ce film un peu nul. Rien d’ultra-violent, mais rien qui vaille réellement le coup d’œil non plus à mon goût.
C’est un film érotique petit-budget publicitèro-éducatif qui n’apprend pas grand chose et vous fait découvrir des pratiques BDSM à l’eau de rose et des accessoires parfois bien cheap. Si vous vous ennuyez sérieusement, il se laissera regarder, mais… mais c’est un peu tout, en fait.
En revanche, Lovely-Vibes (la boutique) propose plein plein d’articles cool, et notamment, le harnais gode-ceinture utilisé dans ce film, que nous avions testé et approuvé. Du coup, si vous aviez quelques euros à dépenser dans du BDSM, allez plutôt directement jeter un œil aux accessoires BDSM vendus chez Lovely-Vibes plutôt qu’à ce mauvais DVD.
Merci à la boutique Lovely-Vibes pour cette découverte.
En effet, je pensais que ce DVD montrerai bien plus de choses que cela et surtout, un apprentissage des techniques de bondage comme le titre le laissait sous-entendre.
Par contre, çà m’a amusé de lire votre point de vue concernant la partie lexique du DVD. On sent qu’effectivement, le DVD est plutôt adapté à un public aux pratiques simples qui découvrent les plaisirs du sexe un peu plus recherché.
Merci pour cet article, complet et bien écrit.
Eh bien, merci de l’avoir lu :)
Le lexique vise encore beaucoup plus soft que le film, quand même. C’est le genre de définitions que l’on s’attend à trouver dans une brochure informative destinée aux ados, plutôt que dans les bonus d’un film érotique.